COMMUNIQUE DU CODE SUITE A LA DECLARATION DE L’UNION EUROPENNE SUR LA SITUATION AU CAMEROUN

 

Suite à la parution du Communiqué de l'Union européenne concernant la situation au Cameroun, le Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (CODE) prend acte que, enfin, dans un langage certes diplomatique, l'UE déclare que l'alternance au pouvoir (c'est à dire le départ de Biya), la liberté de la presse (par allusion aux arrestations de journalistes et aux fermetures d'antennes) et la garantie des libertés publiques (liberté de manifester, de s'exprimer publiquement contre une situation) constituent des "éléments fondamentaux" pour la consolidation de la démocratie. Le CODE se félicite aussi du fait que l'instrumentalisation ethnique tentée au lendemain des premiers jours de révolte par une soi-disant "élite du Mfoundi", pour soutenir le régime, ait été dénoncée par l'UE.

Cependant le CODE regrette de constater et le dénonce une fois encore, l’attentisme habituel dont a toujours fait preuve l’UE s’agissant du Cameroun. Le CODE, comme lors de toutes les rencontres qu’il a eues avec cette institution, rappelle qu’il existe dans l’accord de coopération UE-ACP, une clause claire qui lie la poursuite de la coopération entre l’UE et un pays ACP aux conditions de démocratie dans ce pays, et qui stipule notamment qu’un « environnement politique garantissant la paix, la sécurité et la stabilité, le respect des droits de l’Homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit (…) fait partie intégrante du développement à long terme ». Cet accord a aussi prévu un régime de sanctions lorsqu’une partie déroge au respect des droits de l’Homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit.

Considérant la gravité de la situation du Cameroun, le CODE appelle l’Union Européenne à mettre en application les dispositions de l’article 96 de l’accord de Cotonou qui prévoient un régime de sanctions à l’encontre des gouvernements qui violent les droits de l’homme et les principes démocratiques, comme cela a été le cas en février 2008.

C’est ainsi que le CODE regrette que l'UE se soit limitée à « dénoncer » ce que toute personne sensée ne pouvait que dénoncer, mais qu'elle n'ait pas condamné les massacres de populations civiles, les arrestations arbitraires, les jugements expéditifs, les enlèvements qui continuent encore par les forces de l’ordre.

Le CODE interpelle l’UE sur cette attitude dans son communiqué : dénoncer signifie reconnaître que cela s’est passé. Or comment peut-elle se limiter à dénoncer l’horreur sans la condamner ? Exprimerait-elle par cela que les faits ne sont pas condamnables ?

Le CODE regrette également que l'UE n’ait pas exigé, comme le réclame le CODE, la mise sur pied d'une Commission Internationale d'Enquête (C.I.E.) sur les massacres de février 2008. Le CODE appelle par conséquent M. Barroso et tous les responsables exécutifs européens à se pencher sérieusement sur cette C.I.E. Tant que la lumière ne sera pas faite sur les massacres de février 2008, et que la véritable justice ne sera pas passée par là, une blessure profonde restera béante entre le peuple camerounais et sa classe dirigeante emmenée par M. Biya. Une blessure qui pourrait être réanimée à tout moment.

C'est pourquoi le CODE annonce qu'il saisira l'Union Européenne elle même, comme d'autres instances internationales telles que l’Union Africaine, les Nations Unies ou le haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies, pour la constitution d'une Commission Internationale d'Enquête sur les massacres des populations civiles en février 2008 par les forces armées du régime RDPC-Biya.

Dans une dictature comme celle de Paul Biya, c'est seulement de l'extérieur et de la part des institutions qu'il craint, qu'une telle entreprise peut être menée sans effusion de sang.

Le CODE dénonce donc l’attentisme et la complaisance du l’Union Européenne vis-à-vis du régime de Biya, qu’elle dénonce sans condamner, tentant de ménager la chèvre et le chou. Mais le CODE rappelle qu’à tenter de ménager la chèvre et le chou, la chèvre, elle, finit par manger le chou. Et le peuple camerounais ne veut pas être le chou de la chèvre Biya-RDPC.

Et le CODE assure qu’il sera aux côtés du peuple pour combattre le régime RDPC-Biya, sa mauvaise gestion du pays, et son projet de prolonger la misère de peuple en tentant de s’éterniser au pouvoir.

Dr Moïse ESSOH
Secrétaire Exécutif du CODE